Il est presque 19hr, quand mon regard se pose pour la millième fois sur ma montre. Elle m'a assuré qu'elle viendrait, mais c'est plus fort que moi, je m'inquiète. J'ai beau me convaincre que ce n'est pas un rendez-vous amoureux, mais les voix dans ma tête me crient dans ma tête que c'est tout le contraire. La fête vient tout juste de débuter sur la plage, c'est la fête des voisins! Chacun des membres de la communauté se déplace sur la plage dans le but de festoyer avec ces plus proches voisins. Il y a de la danse sur de la musique folklorique, mais aussi sur de la musique beaucoup plus actuelle, il a un énorme feu de camp ainsi que de la nourriture local à profusion. Tout cela dans une ambiance très conviviale. Je suis adossé contre le mur de la petite épicerie quand une jeune femme s'approche de moi avec des colliers fabriqués avec des fleurs. C'est avec un sourire que je me penche doucement vers elle pour qu'elle puisse m'en glisser un autour du cou. Elle m'en offre un second à ma demande pour Gina quand elle va arrivé, enfin si elle arrive un jour!

Anaïs - Ne soit pas aussi pessimiste Sawyer!
- J'essaye Anaïs, j'essaye....

C'est à te ce moment que mon visage s'éclaire d'un sourire, Gina qui se fait un chemin parmi la foule pour venir me rejoindre. Je m'approche d'elle très heureux de la voir, c'est plus fort que moi, je l'accueille par une accolade qui doit l'a surprendre. Je ressens son malaise et la libère de ma poigne tout en riant.

- Tu n'as pas eu trop de mal à trouver, je suis content que tu suis là!

Je la détaille du regard, elle porte une jolie robe sans manche de couleur crème avec des jolie sandale assortie. C'est sobre, mais ça lui va comme un gant, elle est loin du look austère de notre première rencontre.

- Tu es très jolie!

Je me racle la gorge tandis que je glisse finalement le collier de fleur autour de son cou. Le doux parfum des orchidées embaume l'air autour de nous. Je lui prends la main et l'entraîne sur la plage pour participer au festivité. Un cracheur de feu fait son numéro à quelques mètres de nous et je dois dire que c'est franchement impressionnant. Le feu est une seconde nature chez l'artiste et on voit bien qu'il y a beaucoup d'expérience. À la fin de son numéro, je ne peux que l'applaudir avec beaucoup de vigueur. Mon regard se pose sur la piste de danse improvisé, accepterait-elle de faire quelques pas avec moi?

- Mademoiselle? M'accordez-vous cette danse?

Je lui fais un clin d’œil complice, ce n'est pas une danse bien compliqué puisque c'est de la musique populaire qui joue en ce moment.

Je n'attends pas qu'elle me répondes et je l'entraîne bien malgré elle sur la piste de danse. Malheureusement pour moi ma tentative se solde par un échec cuisant. Gina prétexte une douleur à la cheville et me plante tout seul sur la piste de danse. Je suis sur le point de la rejoindre quand une jeune enfant tire sur mon chandail d'un air timide. Je me penche à sa hauteur tandis qu'elle me murmure à l'oreille qu'elle voudrait bien danser avec moi. Les enfants sont des êtres si adorables.

Je fais un clin d’œil a Gina pour lui indiqué que je ne serais pas long, et soulève ma jeune partenaire pour qu'elle se retrouve dans mes bras. Je suis plutôt grand pour elle et ma jeune partenaire ne doit avoir que 5 ans! L'éclat de son rire son une douce musique à mes oreilles tandis que je la fais tournoyer autour de la piste de danse. Quand la musique s'arrête je dépose la petit fille sur la piste de danse et lui explique gentiment que je dois rejoindre une amie. Elle accepte en souriant en me faisant promettre une nouvelle danse un peu plus tard.

Je rejoins Gina qui n'a pas bougé sur le bord de la piste de danse et glisse mon bras sous le sien gentiment. Je lui fais un sourire franc tandis que je la conduis tout près de l'un des feu de camps allumés pour occasion. Un membre de l'organisation de la fête nous apporte des guimauves et des broches pour que nous pussions faire griller nos gourmandises.

- Je suis désolé de t'avoir laisser sur le bord de la piste de danse, je ne pouvais pas dire non à une petite fille de 5 ans.

J'enfonce une guimauve sur ma bronche avant de l'approcher du feu. Un petit grésillement se fait entendre tandis que la sucrerie prends une couleur caramel. J'aide Gina à installer sa propre gourmandise sur sa bronche et la place tout près de la mienne.

- Comment trouves-tu les festivités? J'ai pris en note que tu n'aimes pas danser....

Je lui fais un petit clin d’œil pour lui montrer que je ne lui en veux pas le moindre du monde. Je suis moi-même un piètre danseur, mais il est bon parfois de se défouler un peu sur la piste de danse surtout quand c'est une fête entre voisin. Je n'aurais probablement pas dansé dans une discothèque! J'aurais eu bien trop honte de ma performance! Je récupère les bronches et tends à Gina la sienne, on retire la guimauve qui nous colle rapidement au doigts et la porte à nos bouches.  La sensation est amusante sur ma langue, cela fait si longtemps que je n'ai pas mangé de la guimauve! Je remarque que de la guimauve se trouve collé sur le coin de ses lèvres.

- Attends tu en as encore là.

Sans vraiment y réfléchir je pose mes doigts au commissure de ses lèvres pour retirer la guimauve qui est collé. Dans un geste naturel, je porte ensuite mes doigts à mes lèvres pour en goûter à la guimauve. Je me rends compte que mon geste pourrait être vu comme étant plutôt déplacé surtout pour elle.

- Désolé....je ne voulais pas être déplacé...

Je me racle la gorge maintenant plutôt mal à l'aise, du bout de ma broche je dessine des lignes dans le sable fin de la plage.

- Est-ce que tu as récupéré un nouveau téléphone?

Ma tentative de remettre la conversation sur un terrain neutre s'avère être aussi un échec. Elle a effectivement retrouvé l'usage d'un téléphone, mais quelque chose dans sa gestuelle me fait croire qu'elle n'en est pas forcément ravie. J'imagine donc que ses problèmes sont loin d'être réglés depuis notre dernière rencontre. Je me sens désolé pour elle et je m'en veux de ne pas être en mesure de la mettre suffisamment à l'aise pour qu'elle puisse passer un bon moment. J'ai la fâcheuse impression qu'elle me glisse entre les mains comme un poisson tropicaux! Mes craintes sont confirmés tandis qu'elle se lève prétextant ne pas être d'une excellente compagnie. Rapidement, je lui prends le bras et la fait reprendre sa place tout près du feu de camps.

- Reste voyons, je ne suis pas d'excellente compagnie non plus, j'ai pas l'habitude de socialiser.

Je lui fais un sourire timide avant de tourner mon regard vers le feu qui crépite toujours, sa chaleur se fait sentir sur ma peau et j'avoue ne pas détester la sensation. Je ne compte pas lui confier le secret de ma maladie, pas ce soir dû moins. J'en ai beaucoup trop honte et je risque de la faire fuir c'est déjà un miracle qu'elle soit là aujourd'hui.

- C'est à moi de juger si tu es de bonne ou de mauvaise compagnie, maintenant j'aimerais que tu restes avec moi, parce que j'aime ta compagnie.

Malgré qu'elle soit insaisissable comme fille, je crois qu'avec de la persévérance j'arriverais à percer ses défenses et qu'elle m'accorde sa confiance. Elle est secrète et si je veux mieux la connaître, je dois la laisser ce livrer d'elle-même. Par conséquent, je peux lui parler de moi?

- Je suis d'origine Australienne, j'avoue que mon pays me manque, mes parents sont encore là-bas ainsi que mon frère jumeau John. Nous sommes tous les deux identiques sur le plan physique, mais psychologiquement nous sommes très différents.

Je m'arrête pour la regarder, elle semble m'écouter ce qui me rassure, je peux donc continuer à me livrer. Pour éviter les sujets qui fâchent, je préfère lui faire part des choses que j'aime et que je n'aime pas.

- J'ai été à l'Université dans le Colorado, j'aime le théâtre, les livres, aller au cinéma, j'adore le café et déteste la bière, je n'en vois seulement sous la contrainte. Je suis un piètre sportif et j'aime regarder les documentaires au canal découverte.

Je m'arrête un moment et tourne mon regard vers Gina en souriant.

- Maintenant que tu en connais un peu plus sur moi, est-ce que tu te sens un peu plus rassuré en ma présence?

Je remarque les larmes qui perlent au coin des yeux de Gina. Devrais-je lui demander ce qu'il ne va pas? S'offusquerait-elle de ma curiosité? Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de la sentir bouleversée. Je cache plus ou moins ma surprise quand je sens sa main qui serre timidement la mienne. Je comprends qu'elle fait des efforts, se qui est tout à fait louable de sa part.

De plus, elle me confirme qu'elle n'a pas peur de moi, que selon elle, je suis quelqu'un de bien. La dernière personne qui m'a dit cela a été ma mère, du moins de façon sincère je veux dire. Je suis quelqu'un de bien malgré mes pics de folie, ma maladie qui me pourris la vie ainsi que les voix qui me hantent jours et nuits. Devrais-je lui en parler? Non, certainement pas ce soir, je risque de la faire fuir.

- Tu sais, tu ne devrais pas cacher tes larmes, si tu as envies de pleurer, ne te gêne pas pour moi. Je ne te jugerais pas.

Les émotions c'est toujours mieux des vivres que de les refouler, elles finissent par nous pourrir de l'intérieur. Peu importe ce que les autres peuvent penser de nos réactions, l'important c'est que l'on puissent se sentir mieux après. Timidement, je glisse ma main dans le dos de Gina et la caresse de haut en bas, ce que les gens normaux font pour apaiser un proche. Doucement, mais surement, j'entoure les épaules de Gina avec mon bras, sans pour autant la forcer à ce qu'elle se glisse entre mes bras. Faut pas pousser non plus hein!?

- On peut garder le silence, comme on peut parler c'est à toi de voir, quand tu te sentiras mieux, je peux te raccompagner chez toi si tu veux?

J'ai aucune arrières pensées, je vais me conduire en parfait petit gentleman avec la demoiselle. Je ne suis pas John, mon frère avait la fâcheuse habitude de profiter des faiblesses des femmes qu'il côtoyait pour avoir un peu de plaisir en retour. Heureusement, je suis loin d'être comme mon jumeau.